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mardi 29 octobre 2019

Octobre 2019

À notre institutrice de Puch d’Agenais (Lot-et-Garonne)
(années d’école 1970-1972)
Avec tous mes remerciements.
Montauban, Aiguillon et Puch d’Agenais, Octobre 2019.
Je ne sais que penser, mais je suis très peinée d’apprendre la disparition de mon institutrice de Puch d’Agenais qui s’en est allée en ce début d’après-midi de mardi 29 octobre 2019.
Il y a tout juste quatre jours, à Puch d’Agenais, se déroulait une très belle cérémonie qui rendait hommage à mon grand-père, né à Aiguillon et qui a quitté ce monde il y a 80 ans en Lorraine.
Lors de cet hommage, j’ai eu l’honneur de lire un discours que j’ai écrit avec mon cœur et dans lequel j’ai envoyé une pensée toute spéciale à notre institutrice de Puch d’Agenais que j’avais conviée mais qui n’avait pu se déplacer à la cérémonie. Elle m’a écrit un très joli mot d’excuse que je garderai précieusement.
Il y a 49 ans, en ce mois d’octobre, je faisais ma toute première rentrée scolaire à l’école de Puch d’Agenais, école où j’ai appris à lire, à écrire et à chanter… en français, grâce à notre si gentille et douce institutrice qui m’a écrit il y a à peine 15 jours pour me dire « quand tu as chanté ta première chanson en français j'ai ressenti de la fierté j'avais réussi quelque chose. Je te souhaite beaucoup de bonheur Carol et peut-être que nous aurons l'occasion de nous rencontrer.» J’avais en effet débarqué dans la cours de l’école ne sachant pas du tout parler le français, avec un accent américain à couper au couteau car je venais des Etats-Unis et il me fallait tout apprendre de la France.
Je n’ai jamais habité à Puch, mais j’y ai des attaches très fortes avec les personnes de ce village. Ce village et l’institutrice qui m’ont accueillie dans leur école parce que l’école du village voisin ne voulait pas encore de moi (trop jeune ?...), ont changé le cours de ma vie.
Aujourd’hui, mardi 29 octobre 2019, par un coup de fil de mon ancienne assistante maternelle, j’apprends avec une infinie tristesse que notre si gentille institutrice vient tout juste de nous quitter. Elle avait 80 ans, une période, une vie, un nombre d’années qui correspond au temps écoulé entre le moment où mon grand-père a quitté ce monde en 1939 et où cette cérémonie pour mon grand-père du vendredi 25 octobre 2019 dernier a eu lieu. Je ne savais pas qu’elle allait nous quitter comme ça… aussi vite sans qu’elle n’ait pu lire mon discours dans lequel je lui envoyais une pensée spéciale. Cela fait des années que je ne l’ai pas revue… des décennies même.
Mon grand-père est né à Aiguillon et mon institutrice vient de nous quitter dans cette même commune, un lieu où les rivières et les fleuves se rejoignent pour s’unir ce soir dans la peine et la tristesse.
Elle m’avait appris à chanter « Sur le Pont d’Avignon, on y danse, on y danse… », un pont qui s’arrête en plein milieu d’un autre fleuve, le Rhône, sans atteindre l’autre berge et nous oblige à revenir sur nos pas, faute de ne pouvoir continuer notre chemin. Si les retours en arrière étaient aussi faciles et accessibles, je demanderai bien une option ce soir afin de pouvoir lui parler et lui dire combien elle a compté dans ma vie et lui dire surtout combien on l’aime.
En attendant, je tourne avec douleur la page du livre.
Carol