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dimanche 9 avril 2017

La jeune femme inconnue

Un habitant de la région de Marseille m'a demandé de dessiner son arrière-grand-mère d'après une photo noir et blanc datant de la fin du 19e siècle. J'avais carte blanche... mon engagement artistique par rapport à ce travail s'est traduit naturellement par une mise en couleur par le biais de mes crayons. La couleur, la transformation, la révélation. Alors que le noir et blanc donne à une image un aspect intemporel, je trouvais l'idée d'une mise en couleur par... le biais des crayons une véritable aventure obligeant à faire de la recherche. Travailler plusieurs heures sur le portrait de cette jeune femme inconnue, c'est un peu comme si un archéologue découvrait petit à petit la poussière sur un objet historique enfoui dans la terre, ou qu'un photographe du 20e siècle révélait aux bains chimiques ses rouleaux de films négatifs imprégnés d'images latentes. Tout au long du travail, j'ai imaginé qu'elle s'appelait Marie. Elle ressemble à Augustine, la mère de Marcel Pagnol, d'ailleurs elle part cette semaine à Marseille, peut-être verra-t-elle Aubagne et le Garlaban, le chemin des Bellons et la Treille ? Surtout, surtout... qu'elle se cache les yeux pour ne pas voir toutes ces enseignes commerciales qui ont poussé comme du chiendent aux pieds de ces magnifiques montagnes poétiques. Ce que je sais d'elle est qu'elle n'a pas vécu très longtemps, juste le temps d'avoir 2 fils alors qu'un de ses petit-fils fut mobilisé très jeune dans l'armée française en 1945 pour garder le bunker d'Hitler qui venait de se suicider à Berlin alors que l'Europe était en train de connaitre la libération et la fin de la 2e guerre mondiale que cette jeune femme aux traits fins, à bonne allure, portant des boucles d'oreilles discrètes, aura eu la chance de ne pas vivre. L'histoire ne me dit pas si son petit-fils est revenu à Marseille avec Marguerite la vache. ©2017 Carol Scown-Raynal

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